Lydie Chamaret

Artiste-Plasticienne

Openfield 5

Exposition collective

Organisée par l'association C.A.C.T.U.S de Quimper à la Galerie Le Champ des Possibles.

 

14-15 et 21-22 octobre 2023 de 14h à 19h

Vernissage le samedi 14 à partir de 19h

 

Artistes participants : Lydie Chamaret, François Jeune, Myriam Martinez, Hervé Penhoat, Marion Saupin

 

Galerie Les Champs des possibles

278, Kerguinou, Plogonnec (29)

 

 

Crédit Photo Marion Saupin
Crédit Photo Marion Saupin

 

 

 

 

Lydie Chamaret

 

Dans l'espace central de la grande salle de la galerie, Lydie Chamaret a imaginé une enfilade joyeuse qui commence à même le sol, passe par le haut socle blanc pour finir sur la paroi murale du fond de la pièce.

Cette installation étagée que lui a suggérée la singularité de la longère devenue galerie, met en scène sept volumes textiles aux couleurs vives presque toutes monochromes. La jeune artiste, dans son parcours, a souhaité compléter sa formation artistique aux beaux-arts de Quimper, par l'enseignement du modélisme couture qui permet d'élaborer un vêtement en trois dimensions. Pour ses réalisations qu'elle intitule "Mes Plats Déployés", elle a recours aux techniques qui permettent de passer de l'aplat du morceau de tissu, au volume qui se bâti par un lent travail de couture qu'elle laisse apparent.

  

Lydie Chamaret sait depuis la plus lointaine enfance, la magie potentielle que peut révéler le travail d'une étoffe, le possible surgissement des trois dimensions structurées à partir de cette matière souple.

Ce savoir-faire que l'on a souvent réservé aux femmes dans le cadre d'une activité domestique, elle en a fait l'outil personnel de sa vie d'artiste. Les sculptures qu'elle invente mêlent intuition du dessin et temps patient d'assemblage à l'aide des gestes maintes fois répétés de l'artisan. Elles s'épanouissent dans de spectaculaires déploiements où les vides se jouent des pleins comme dans les alvéoles des fraises, ces cols de lingerie blanche que l'on reconnaît sur les portraits peints de la fin du XVI et du début du XVIIème siècle.

 

Il nous frappe le caractère puissamment vivant de ces structures agiles qui peuvent rappeler les contours de corps animaliers et faire naître un bestiaire imaginaire. 
Un dindon bleu et son éventail, une chenille verte, une larve à motif, un coquillage anis, un hippocampe indigo. La plupart de ces accordéons en jersey ou en drap de laine haute-couture possède la vertu des transformistes : ils peuvent en effet prendre une toute autre allure en fonction de leurs points d'accroche.
Lydie Chamaret, par un savant travail parvient à faire renaître en nous la joie simple des guirlandes de la fête, et l'émerveillement que suscite chaque fois l'éclosion d'une fleur.
Jean-Yves Pennec, octobre 2023
Artiste-Plasticien et membre de l'association C.A.C.T.U.S Quimper

 

 

BILLETS DOUX

ET TITRES DE TRANSPORTS 

 

Lydie Chamaret, Le tissu est son poème

 

Lors d’Openfield 5, Lydie Chamaret a exposé ses sculptures réalisées dans des tissus de haute couture aux couleurs chatoyantes, et dont la structure rappelle l’alvéole d’abeille.

 

D’entrée de jeu, l’inscription dans l’espace de cette galerie peu commune qu’est Le Champ des Possibles s’avéra être un moment d’une surprenante théâtralité.

 

Au commencement, chacune des réalisations se présente comme un aplat de tissu plus ou moins mince, semblable à un soufflet d’accordéon au repos, que Lydie va déployer. En cet instant, advint la magie.

 

Car, une fois révélée, l’oeuvre se mit à choisir ses lignes, ses contours, ses galbes, ses volumes. Saisissant.

 

L’étoffe prenait des postures cinétiques. C’était comme une émancipation de la matière. Déconcertant.

 

L’artiste aurait-elle inventé une morphée changeante ? Lui aurait-elle inspiré une loi interne, imprimé des qualités physiques et dynamiques ? Aurait-elle façonné un objet d’art en perpétuel devenir ? Fascinant.

 

Enfin, une fois accrochées ou posées, et assagies, réunies en un ensemble harmonieux, les oeuvres s’abandonnèrent à l’attente. 

 

 

Visiteur, estimé passant, c’est pour toi le moment d’enter en scène. Dès le premier regard, tu es surpris, amusé, charmé. Ton imaginaire particulier fait apparaître un coquillage, une fleur, un oiseau, un visage, un symbole. Tu as envie de toucher, d’effleurer, peut-être même de caresser tandis que se coule doucement en ton être la ouateuse sensation du beau. Tu le sais, toute création doit beaucoup de sa valeur (et l’artiste de sa reconnaissance) au regard amoureux que le spectateur lui porte. 

 

 

Aujourd’hui, des artistes donnent à la couture, à la broderie, au tissage, ces activités encore réservées il y a peu aux jeunes filles bien élevées, désireuses d’atteindre l’idéal féminin, un caractère poétique, politique et féministe. Dans la lignée d’Anni Albers, en choisissant le tissu comme moyen d’expression, ils ont ouvert un champ sémantique dont on entrevoit à peine la dimension et la force. D’une pratique expérimentale, d’un concept de recherche magistralement abouti, Lydie Chamaret a su élaborer une connaissance, ouvrer un langage et une esthétique qui font de l’artiste un auteur — ou mieux, un poète. 

 

 

Michel Mélin, décembre 2023